domingo, 18 de janeiro de 2015

"Deixámos que os nossos inimigos se infiltrassem"

À Paris, des bougies allumées en hommage aux victimes de la tuerie de "Charlie Hebdo". © CITIZENSIDE/JALLAL SEDDIKI



Après le massacre dans la rédaction de "Charlie Hebdo", Philippe Tesson estime que "nous avons laissé nos ennemis nous infiltrer". 


L'exhortation à l'unité et au rassemblement de la nation lancée mercredi par le président de la République au soir de la tuerie qui a ensanglanté Paris était tout à fait opportune. De même, les paroles de compassion et l'hommage rendu aux victimes qu'il a prononcés. De même encore, l'affirmation de sa volonté d'apporter une réponse qui soit "à la hauteur du crime". Mais quelle réponse ? Certes, on n'attendait pas que François Hollande, quelques heures seulement après l'attentat, développât devant le pays le contenu de la riposte de la France à cet acte de barbarie. Mais qu'il voie dans l'unité "notre meilleure arme", cela semble un peu court. Un peu courte également la promesse que les criminels seront "sévèrement punis". C'est le minimum ! Ce crime en effet n'est pas seulement liberticide. "Morts pour la liberté", dit-il. "Pour la liberté d'expression", avait-il même dit le matin. Non, pour bien davantage que la liberté. Morts pour notre survie et pour celle de toutes les valeurs qui ont fait notre culture, notre honneur et notre gloire.
Condamné à une parole vraie
Nous sommes en guerre. Nous sommes condamnés à la guerre. Nous ne l'avons pas cherchée. Nous y sommes contraints par un déferlement de sauvagerie que nos faiblesses passées, nos peurs, nos complexes, nos scrupules, notre laxisme, notre aveuglement, notre angélisme ont encouragé. À force de légèreté et sous le couvert d'humanisme, nous avons laissé nos ennemis nous infiltrer. À force d'égoïsme, nous avons abandonné à leur propre sort les peuples que nous avons accueillis, nous les avons isolés de notre communauté et les avons laissés se constituer chacun dans la sienne. À force d'arrogance, nous avons donné au monde des leçons de morale que nous n'avons pas nous-mêmes respectées. À force de nous entendre nous mettre en garde contre l'amalgame entre l'islam modéré et l'islam fanatique, nous avons dispensé le premier de dénoncer avec la force qu'il fallait la barbarie du second.
Ce sont ces errements que nous nous voyons aujourd'hui forcés d'abord de reconnaître, ensuite de payer et de réparer autant que possible. Cette triple tâche défie l'actuel président de la République et exige de sa part qu'il renonce au discours lénifiant qu'il tient au pays depuis son accession au pouvoir. Il ne va pas suffire qu'il envoie pour un résultat improbable, voire négatif, le Charles de Gaulle dans le golfe Persique. Il est condamné à une parole vraie devant le pays et à une action ferme contre l'ennemi.

Philippe Tesson
http://www.lepoint.fr/invites-du-point/philippe-tesson/charlie-hebdo-philippe-tesson-nous-sommes-en-guerre-08-01-2015-1894821_543.php